Au-delà de l’opticien : les métiers moins connus de l’optique
Lorsque l’on évoque le domaine de l’optique, les images de l’opticien en boutique ou de l’ophtalmologiste s’imposent naturellement. Pourtant, une multitude de métiers techniques, scientifiques et créatifs œuvrent à la qualité des montures optiques et solaires, ainsi qu’à la performance des verres, ou encore à l’avancée des connaissances sur notre système visuel. Ils sont souvent mentionnés par les grandes marques sans que l’on connaisse vraiment leur métier. Petit tour d’horizon des métiers moins connus de l’optique qui participent à la chaîne de valeur du secteur.
Le design des montures : entre artisanat, tendance et contraintes techniques
Le design de montures est l’un des maillons créatifs les plus importants de la filière. Il ne s’agit pas seulement de dessiner de jolies lunettes, mais de concevoir des produits à la fois esthétiques, confortables, fonctionnels et résistants.
Les designers doivent intégrer des contraintes ergonomiques (morphologie du visage, poids, ajustabilité), industrielles (fabrication en série ou artisanale), et marketing (tendance, identité de marque, positionnement).
Ils doivent aussi penser aux matériaux : acétate, titane, bois, bio-acétate ou encore métal recyclé, en privilégiant de plus en plus des approches éco-responsables.
Des formations spécialisées comme celle proposée à l’ICO (Institut et Campus d’Optique) permettent aux futurs designers d’acquérir une double compétence technique et artistique. Ils y apprennent à concevoir des montures en partant du dessin jusqu’à la fabrication en atelier, avec des logiciels de CAO (Conception Assistée par Ordinateur), des imprimantes 3D ou encore des fraiseuses à commande numérique.
Ce métier joue un rôle clé dans le positionnement différenciant des marques, notamment sur le segment haut de gamme et créateur.
Le métier de designer reste méconnu, même au sein de la filière. Pour y remédier, des initiatives comme le Manufacture Tours permettent aux opticiens d’en apprendre un peu plus sur le design de montures.
L’ingénierie des verres : innovations optiques et prouesses technologiques
Les verres qui corrigent notre vision sont le fruit de recherches et de calculs complexes menés par des ingénieurs spécialisés.
Travaillant dans des laboratoires de R&D ou au sein de grands verriers comme EssilorLuxottica ou Novacel, ces ingénieurs conçoivent des verres capables de répondre à des besoins très spécifiques : réduction de la lumière bleue, adaptation automatique à la lumière, limitation de l’éblouissement nocturne, résistance aux rayures, légèreté, ou encore filtres pour pathologies visuelles.
L’élaboration d’un verre progressif, par exemple, mobilise des modèles mathématiques avancés et des simulations optiques de très haute précision.
Avec l’arrivée de verres intelligents intégrant des microcircuits (verres connectés pour les smart glasses), le métier prend une dimension numérique, à la croisée de l’optique, de l’électronique et des besoins de santé.
Technicien en systèmes photoniques : parmi les métiers moins connus de l’optique et pourtant primordial
La photonique est l’un des domaines essentiels de l’industrie optique : elle concerne la manipulation de la lumière pour transmettre, traiter ou capter de l’information.
Parmi les métiers moins connus de l’optique, les techniciens en systèmes photoniques sont ceux qui concrétisent les idées des chercheurs et ingénieurs. Ils assemblent, règlent, testent et maintiennent des dispositifs optiques complexes : lentilles, lasers, capteurs, fibres optiques, instruments d’analyse. Leur expertise est sollicitée dans des secteurs variés : imagerie médicale, défense, spatial, instrumentation scientifique, industrie de pointe, et bien sûr, optique ophtalmique.
Le BTS Systèmes photoniques ou le BUT Mesures physiques sont les voies d’accès privilégiées à ce métier, aujourd’hui en forte demande.
Dans le secteur ophtalmique, ces techniciens sont indispensables dans les usines de fabrication de verres ou de dispositifs de diagnostic visuel (réfractomètres, outils de tomographie par cohérence optique…)
La recherche en neuro-ophtalmologie : comprendre la vision au-delà de l’œil
La neuro-ophtalmologie étudie la manière dont le cerveau interprète les signaux transmis par nos yeux. C’est une discipline située au carrefour des neurosciences et de l’ophtalmologie.
Les chercheurs en neuro-ophtalmologie étudient des phénomènes complexes comme la perception visuelle, comme les illusions d’optique, les troubles de la vision liés à des pathologies neurologiques (AVC, sclérose en plaques, tumeurs), ou encore les mécanismes de compensation du cerveau chez les personnes atteintes de déficience visuelle.
Ce domaine de recherche mobilise des compétences variées : IRM fonctionnelle, électrophysiologie, intelligence artificielle, modélisation cognitive. Des institutions de recherche comme l’Institut de la Vision (Paris), l’INSERM ou le CNRS collaborent régulièrement avec les industriels du secteur optique pour transformer ces recherches en innovations concrètes, comme les lunettes de rééducation sensorielle, les algorithmes de prédiction de pathologies, les interfaces cerveau-machine…
Derrière chaque paire de lunettes se cache une chaîne de métiers aussi divers qu’indispensables, porteurs de savoir-faire, d’innovation et d’expertise. Designer, ingénieur, technicien, chercheur : tous œuvrent à améliorer notre qualité de vision, à anticiper les besoins de demain et à faire progresser une filière dynamique mais parfois peu reconnue dans sa diversité.