Délais chez l’ophtalmologiste : quelles évolutions ?
Depuis plusieurs années maintenant, prendre un rendez-vous chez l’ophtalmologiste peut s’apparenter à un véritable parcours du combattant. Pourtant, il s’agit du praticien qui possède le record du nombre d’actes pratiqués, et leur temps d’activité a largement augmenté lors de la dernière décennie. Les délais chez l’ophtalmologiste, hors urgence, sont bien souvent décourageants alors que la demande croît. Quelles sont les dernières évolutions, et à quoi peut-on s’attendre dans les années à venir ?
Délais chez l’ophtalmologiste : comment en est-on arrivé là ?
Prendre rendez-vous avec un spécialiste n’est pas toujours aisé mais certaines spécialités s’en sortent relativement bien. C’est le cas des ORL par exemple, dont le délai d’attente moyen tourne autour de deux semaines.
Pour obtenir un rendez-vous avec un ophtalmologiste, il faut multiplier ce délai au minimum par cinq, et parfois par dix. Pourtant, la moyenne de temps de travail hebdomadaire de ces derniers est d’environ cinquante heures. L’activité d’un ophtalmologiste a augmenté de 30% en dix ans mais il est toujours aussi difficile de satisfaire la demande.
La raison de ces délais rallongés est mathématique. On manque cruellement d’effectif. Mais pourquoi ? Un premier élément de réponse se trouve dans le numerus clausus instauré en France en 1971. Ce terme latin signifie la limitation des étudiants autorisés à concourir dans le domaine de la santé. À partir de 2021, il n’y aura plus d’arrêté définissant les contours du numerus clausus, dans le but de faire face à une possible pénurie de soignants.
Ce concept de limitation a laissé de côté certaines spécialités moins prisées comme l’ophtalmologie, au profite notamment de la médecine générale.
Une autre mesure, le mécanisme de cessation anticipée d’activité (MICA) a porté préjudice à la filière, puisqu’entre 1997 et 2003, plus de 200 libéraux sont partis en pré-retraite. La fin de ce dispositif n’empêchera pas 72% des ophtalmologistes de partir à la retraite en 2008 et 2025.
Au final, on forme une centaine d’ophtalmologistes par an alors que, pour répondre aux besoins, il en faudrait au moins le double.
À l’avenir, quelles évolutions ?
Il est très difficile de tabler sur un scénario plutôt qu’un autre. L’aide des orthoptistes va permettre de résorber les délais d’attente. Aujourd’hui, de nombreux acteurs constatent que pour qu’une évolution positive ait lieu, le monde de l’ophtalmologie doit se remettre en question. Alors que les évolutions technologiques tendent davantage vers la chirurgie réfractive, l’immense majorité de la filière penche encore vers la prescription de correction. Cela mérite débat.
Un débat qui évolue vers la complémentarité entre l’ophtalmologiste et l’opticien. Pour le magazine l’Essentiel de l’Optique, « la prétention hiérarchique à diriger l’ensemble du parcours de prise en charge du patient amétrope semble aujourd’hui démesurée eu égard à l’autonomie et à la complémentarité des deux professions. Légitimer cette hiérarchie par la durée des études initiales est un anachronisme qui empêche de penser les évolutions nécessaires ».
Et si l’on constate une amélioration des délais moyens d’environ 10%, il sont encore bien trop longs pour répondre à la demande. La filière table aussi sur une évolution d’environ 5% des effectifs d’ici 2023. Mais ces prévisions s’expliquent par l’apport et l’arrivée de praticiens étrangers ou continuant leur activité après 65 ans.
Face au vieillissement de la population, et à l’expansion de la myopie, il existe pour l’instant peu de motifs de satisfaction quant à l’évolution des délais chez l’ophtalmologiste. La gestion des effectifs est bien sûr la première piste à travailler mais les bénéfices ne se feront sentir que sur le long terme. Certains préconisent donc un changement de direction, pour promouvoir plus largement la réparation au détriment de la correction.
Une décision qui se trouve entre les mains des Pouvoirs Publics, tout comme les attentes des acteurs de l’optique.
Sources : Essentiel de l’optique, SNOF