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DOSSIER Audioprothèse : Où en est-on ?

Temps de lecture : 5 minutes

audioprothèse

 

On parle souvent des avancées technologiques destinées à améliorer les dispositifs optiques. Mais qu’en est-il de l’audioprothèse ? Souvent associées, l’optique et l’audition connaissent pourtant des chemins différents. Mais l’audition n’emprunte pas moins le chemin de l’innovation. On en parle dans ce nouveau dossier.

 

Audioprothèse : un peu d’Histoire

 

Les problèmes auditifs ne datent pas d’hier ! Depuis l’Antiquité, les Hommes cherchent des moyens d’entendre mieux. Lorsque la recherche s’est enfin – tardivement – concentrée sur le sujet, les moyens de mieux voir sont bien plus élaborés. Mais le XXème siècle va considérablement permettre de combler ce retard. Il faut dire qu’un dispositif permettant de mieux entendre est plus complexe que celui permettant de mieux voir.

 

L’arrivée de l’électricité change la donne. On se sert de la technologie basée sur la radiophonie pour élaborer les premiers Sonotones. Auparavant, il fallait utiliser le cornet acoustique – pas vraiment très pratique – un dispositif en tube ou en entonnoir qui recueille les ondes et les transmet au tympan de l’utilisateur. Ce curieux objet est inventé par un chirurgien français, Claude-Nicolas Le Cat, au XVIIème siècle. Dans notre imaginaire culturel, on se souvient tous du Professeur Tournesol se servant d’un cornet auditif.

 

cornet-acoustique-tournesol

 

Puis vint l’appareil auditif en carbone, imaginé et conçu par Hutchison. Grâce à cette invention, on constate une nette amélioration de l’audition, d’environ 10 à 15 dB. Bien entendu, le système est loin d’être parfait, puisque les bruits de fond et les parasites sont nombreux et amplifiés.

 

C’est donc bien le Sonotone, du nom de l’entreprise américaine qui l’a créée, qui va changer la donne.

 

 

Les problèmes de surdité, de plus en plus nombreux

 

Avec l’évolution du monde, nos oreilles ne sont pas mises aux repos. Le XXème siècle, notamment, a été un calvaire pour elles. L’industrie s’est considérablement enrichie en machines toujours plus bruyantes, le secteur militaire a mis au point et utilisé les bombardements lors de guerres déjà meurtrières, la musique s’est généralisée et s’écoute désormais avec des écouteurs personnels, la pollution sonore des villes est en nette hausse par rapport au début du siècle.

 

Tout cela combiné, on comprend aisément que le nombre de personnes ayant besoin d’une aide auditive ne cesse d’augmenter. Le vieillissement de la population n’y est pas non plus étranger.

 

 

Aujourd’hui, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 1,5 milliards le nombre de personnes souffrant d’une déficience auditive « plus ou moins prononcée. » Un chiffre qui ne devrait pas se réduire rapidement.

 

Aussi, le besoin d’innovation s’est rapidement fait ressentir, et comme dans le cas du secteur optique, la recherche a fait d’immenses pas en avant.

 

L’innovation au service de l’audioprothèse

 

Les systèmes auditifs sont passés au niveau supérieur. Grâce au bluetooth, les premières avancées durent rapides : connecter son appareil audio à son smartphone. Efficace pour améliorer grandement la qualité des appels téléphoniques et obtenir un meilleur rendu auditif général. Cette aide connectée a aussi l’avantage de réduire à son maximum la latence.

 

appareils-auditifs

 

Mais l’innovation va bien plus loin. Le but premier est bien sur de permettre d’améliorer au maximum la compréhension des utilisateurs, même au sein d’environnements, nous l’avons vu, de plus en plus bruyants. C’est l’intention d’écoute qui est recherchée, grâce à l’intelligence artificielle et aux algorithmes. Utiliser l’activité cérébrale permettrait de favoriser l’écoute des personnes ou des situations auxquelles l’utilisateur est intéressé. Ce même système permettrait de se préserver du bruit lorsqu’une écoute n’est pas « volontaire. »

 

Des audioprothèses modernes permettent de rendre plus pure et naturelle l’audition. Grâce à des microphones intégrés au dispositif, il est possible d’adapter le signal au conduit auditif propre à chacun. Un meilleur traitement du signal sonore est la clé pour obtenir confort et sérénité pour les personnes en état de déficience auditive.

 

 

Des facilités pour trouver un praticien ou atténuer les acouphènes

 

appli-acouphenes

 

Il n’y a pas que l’audioprothèse qui peut être améliorée. Les acouphènes aussi peuvent rapidement s’avérer déstabilisants, voire très agaçants. Les personnes qui en souffrent sont constamment contraints de faire attention à leur audition. Pas évident dans nos environnements ultra-bruyants !

 

Là encore, les technologies numériques viennent en aide. De nombreuses applications mobiles, comme ReSound, permettent d’atténuer les acouphènes. Elles fonctionnent à l’aide de « paysages sonores relaxants. » Ces programmes fonctionnent comme une thérapie. Ils aident à masquer les acouphènes en se focalisant sur des bruits doux et naturels. La plupart de ces applications deviennent également un outil pédagogique important. Elles facilitent également la recherche de praticiens.

 

La réalité augmentée pour améliorer encore l’audioprothèse

 

Il reste encore beaucoup de travail à effectuer pour rendre parfaite l’audition des personnes qui souffrent de déficience. Les problèmes auditifs, et d’oreille interne plus globalement, sont également à l’origine d’autres troubles, comme la cognition et l’équilibre. Le conduit auditif est aussi une source de données importante, au niveau de l’activité cérébrale ou du rythme cardiaque.

 

La réalité augmentée, largement utilisée en optique, peut également faciliter grandement le quotidien des personnes déficientes. Des recherches vont déjà dans ce sens. Elles permettraient de rendre compte de progrès considérables dans l’amélioration de l’audition de façon globale. Un bon moyen de répondre aux inquiétudes de l’OMS sur le sujet.

 

Pourtant, il faudra encore de nombreuses années avant que de tels dispositifs soient opérationnels, commercialisables et surtout, à la portée de tous. Car, comme dans toute question liée au progrès, le volet social est associé. Le résoudre sera essentiel, tant les personnes avec peu de moyens sont celles qui sont le plus soumises aux forts décibels, aux déserts médicaux et bien entendu à l’impossibilité de se fournir en dispositifs efficaces.

Comme dans le cas de l’optique, la partie technique ne sera pas la seule à résoudre.

 

Sources : maitre-audio.fr, siecledigital.fr, navi-mag.com, resound.com