Les croyances populaires autour de l’œil
L’image de l’œil est sans cesse reprise, ses significations sont multiples et évoquent l’âme, l’observation, le jugement, la condamnation, le pouvoir…Autant dire que dans les croyances populaires, on lui a conféré une symbolique toute particulière.
L’œil, en tant qu’organe, est d’une complexité parfois déroutante. Il permet de distinguer les couleurs, défaille parfois, et on souhaite le protéger coûte que coûte, à juste titre. En tant qu’objet, image, représentation, il nous fascine. On peut facilement admettre qu’il a subjugué toutes les civilisations et qu’il continue à se muer en une métaphore artistique de premier ordre.
Croyances populaires autour de l’œil : bon ou mauvais ?
La religion est synonyme de spiritualité. Aussi, il faut, lorsque l’on est quelqu’un de très religieux, tout voir sous le spectre de son ou ses dieux. Pendant bien des siècles, on se persuadait que les comportements humains étaient dictés par la volonté de Dieu ou du démon.
Cette dualité bien-mal se retrouve dans de très nombreuses histoires des livres saints, sur les Tables de la Loi, mais aussi dans la vie de tous les jours. On ne peut d’ailleurs qu’admettre que la fiction s’articule également autour des cet axe, avec les bons d’un côté, les méchants de l’autre.
Bon nombre de religions polythéistes et surtout monothéistes sont parties de ce principe pour tenter de décrypter la dualité de notre regard. À des époques où il était considéré comme diabolique de pratiquer une autopsie, il fallait s’en remettre au divin pour savoir ce qui se cachait au plus profond de nous.
Alors, l’œil se trouve effectivement en première position pour remplir ce rôle. C’est ainsi que, sous l’égide de l’Église, on se rend compte que l’œil a une symbolique toute particulière. Il devient bon ou mauvais car il est le reflet de notre personnalité.
Dans la croyance populaire, on nomme cela le mauvais œil. Il est, par définition, le pouvoir supposé qu’aurait le regard d’une personne sur une autre. Alors que les inégalités font rage, que la réussite provoque envie et jalousie, on en vient à croire qu’un homme peut par un simple regard, décider du sort d’un autre.
Dès lors, il devient essentiel de s’en protéger. Talisman, Amulette, Khamsa sont autant de boucliers contre le mauvais œil. On les porte autour du cou, on les dispose à l’entrée des maisons ou sur la coque des bateaux.
Une symbolique particulièrement cruelle
Les yeux, finalement ressemblants mais si différents d’un individu à l’autre, serviraient donc à nous donner une indication précise sur celui que nous serions. Un jugement hâtif qui causera bien des dégâts, amplifiés par la morale bien pensante et l’inquisition.
Les couleurs différentes, les malformations et les pathologies, sans bénéficier d’un quelconque appui scientifique, font naître de bien cruelles conclusions à l’encontre de ceux qui dérangent.
On traitait ainsi facilement les femmes âgées de sorcières, et on les punissait parce que, ménopausées, elles ne pouvaient plus « expulser leurs impuretés par les voies naturelles » mais par le biais du regard.
Un œil abîmé qui pouvait faire penser à celui d’un reptile n’avait qu’une seule explication : c’était le regard du diable, celui là même qui, changé en serpent, avait trompé les premiers Hommes.
Celui qui voit tout
Mais l’œil n’est pas que le cache qui renferme notre personnalité. Il a aussi le pouvoir de voir tout, et de voir mieux. Là encore, les religions ne sont pas en reste pour utiliser l’œil comme un symbole de puissance divine. Car si un dieu est capable de nous protéger, mais aussi de nous soumettre à un jugement le jour de notre mort, c’est bien parce qu’il possède une puissance visuelle illimitée.
Ce symbole, c’est l’œil omniscient ou œil de la providence. Cette croyance, là encore, se retrouve dans un nombre incalculable de civilisations.
Cet œil absolu est souvent attribué aux dieux les plus célèbres et les plus puissants, comme Zeus (Grèce Antique), Odin (Mythologie Nordique), Indra (Hindouisme), Ahura Mazda (Mazdéisme) et on le retrouvera également sur la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ou encore sur des billets de banque et des pièces de monnaie. On prête également ce symbole à de nombreuses sociétés secrètes comme la Franc-Maçonnerie.
Et aujourd’hui ?
Dans le monde contemporain, l’œil continue de fasciner. Il est repris de façon justement très symbolique dans l’art et la fiction (replongez-vous dans notre dossier sur la symbolique de l’œil dans l’art.) On citera bien sûr l’œil de Sauron qui combine mauvais œil et omniscience, preuve que l’on puise toujours parmi ces croyances populaires.
Cette fascination s’exprime aussi par le fait que l’œil, s’il vieillit comme tout notre corps, ne perds ni son éclat ni sa couleur avec les années, renforçant cette idée qu’il sert de lien entre notre âme et notre corps.
Aujourd’hui, de très nombreuses entreprises, dans le monde entier, utilisent l’œil pour leur identité graphique, notamment sur leurs logotypes. S’il est vrai que c’est le cas, logiquement, pour bon nombre d’acteurs de l’optique, on les retrouve dans bien d’autres secteurs, pour y associer cette symbolique de pouvoir, d’omniscience, de vision et d’anticipation, qui peuvent être considérées comme des valeurs essentielles pour des professionnels.
Il est aussi, de nos jours, un gage d’observation et d’attention et il déçoit rarement. En effet, le mauvais œil a, dans nos civilisations modernes du moins, tendance à disparaître, la superstition laissant davantage place à la connaissance.
Néanmoins, l’œil continuera certainement d’alimenter certains fantasmes dans les cultures populaires et, de notre côté, nous aurons certainement d’autres histoires à vous raconter !