Face aux principales préoccupations de notre société moderne, à savoir le pouvoir d’achat et l’écologie, les habitudes d’achat se transforment. Le commerce est bouleversé par de nouvelles méthodes désireuses de proposer à la fois prix attractif et durabilité. Le marché du reconditionné a largement envahi le numérique et propose des offres à prix attractif. Quid de l’optique dans tout ça ? Après tout, des millions de montures sont destinées à être transformées, recyclées, ou distribuées chaque année. Alors, le reconditionné en optique, ça peut marcher ?

 

Le reconditionné : quelles différences avec l’occasion ?

 

Que signifie reconditionné ? Est-ce la même chose que l’occasion. La réponse est simple : oui, le reconditionné, c’est de l’occasion mais non, l’occasion n’est pas forcément du reconditionné. Le reconditionné consiste à offrir une deuxième vie à un objet. Ce n’est pas non plus du recyclage, où l’objet est alors transformé. Le reconditionnement ne modifie pas sa fonction. L’objet est réparé et remis sur le marché. C’est un système qui fonctionne depuis plusieurs années désormais dans le secteur du numérique : des ordinateurs ou des smartphones dont la batterie ou l’écran nécessitent une réparation ou un remplacement sont réparés puis revendus à un prix défiant toute concurrence.

 

L’avantage du reconditionné, c’est que les réparations sont opérés par des techniciens professionnels et qu’en plus, les objets sont soumis à la garantie obligatoire pour la vente d’occasion. Plus rassurant qu’une seconde main classique entre particuliers !

 

 

Mais que vient faire l’optique dans tout ça ? Et bien, la fabrication de montures étant soumis aux aléas du temps, des pièces peuvent être défaillantes et nécessiter un remplacement. Seulement voilà, les propriétaires de lunettes changent régulièrement de montures. Du coup, des milliers, voire des millions de montures se retrouvent hors du marché alors que leur état n’est pas si mauvais. La vente d’occasion, le recyclage, le don à des organisations humanitaires en gèrent tout une partie. Pourquoi pas le reconditionné ?

 

Depuis quelques temps, le marché de l’optique tente de se saisir petit à petit de cette manière de redonner vie aux vieilles montures. En conséquence, cela induit des règles particulières.

 

Un cadre règlementaire à l’étude

 

L’association Française de Normalisation (AFNOR) travaille actuellement avec les pouvoir publics afin de mettre en œuvre un projet de norme relatif à la remise en état des dispositifs médicaux. Cela concerne surtout les prothèses médicales. Mais ce projet pourrait également concerner et faire loi pour les montures optiques.

 

Ce projet de norme indique que « la remise en bon usage d’un dispositif médical permet de rétablir la fonction du dispositif et d’en allonger sa durée d’usage via la réalisation d’opérations d’entretien et de maintenance, sans en altérer les performances, les caractéristiques techniques et fonctionnelles, notamment en matière d’hygiène et de sécurité. L’objectif est d’assurer une réduction de l’impact environnemental observé mais également de permettre aux patients concernés d’accéder plus largement à ces matériels restaurés dans toutes les conditions de sécurité sanitaire requises ».

 

 

Nous sommes bien dans la définition même du reconditionné. Le produit doit offrir un service équivalent à celui du neuf, avec un service après-vente correspondant. Cette norme devra également s’attaquer à la problématique de la traçabilité des produits. À quel moment celle-ci devrait-elle démarrer ? Les professionnels de l’optique, par la voix du syndicat national des centre optiques mutualistes (SYNOM) considère que la traçabilité devrait démarrer à l’arrivée au centre de tri. En effet, lors de la collecte des montures, il n’est pas toujours évident de les tracer car des éléments (marque, modèle, numéro de série…) peuvent être manquants. Le fait de démarrer à leur arrivée en centre de tri homologué permettrait de pouvoir utiliser une majorité de ces montures.

 

Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, environ 50% des montures d’occasion sont reconditionnables. L’autre moitié est reconduite sur des voies plus « traditionnelles » du marché de l’occasion, ou sur du recyclage ou du don.

 

Quoi qu’il en soit, le SYNOM insiste pour que les professionnels de la filière optique prennent en charge, ensemble, les règles et normes qui entoureront, dans un futur proche, la vente de montures optiques reconditionnées. Parce que oui, il existe déjà ce type de montures sur le marché.

 

Déjà des ventes en magasin

 

Plusieurs entreprises, notamment des start-up, se sont positionnées sur le marché du reconditionné. C’est le cas des Lunettes de Zac, opticien à Lille, qui s’est spécialisé dans la remise à neuf de montures. Le principe est simple : les opticiens partenaires disposent d’une petit boîte pour permettre à chacun d’y déposer sa monture inutilisée. Les lunettes sont alors récupérées afin d’être reconditionnées. À travers cette démarche, l’entreprise développe aussi une démarche sociale importante puisqu’elle travaille avec l’association AlterEos, qui travaille à fournir un emploi durable aux personnes souffrant de handicap.

 

Vous pouvez devenir opticien partenaire des lunettes de Zac en vous rendant directement sur la page dédiée sur leur site web. En France, plusieurs boutiques indépendantes ont déjà fait ce choix, mais aussi certains franchisés des opticiens Ecouter Voir. Depuis mai 2023, onze magasins Ecouter Voir ont travaillé avec les lunettes de Zac, et à partir de septembre, toutes les enseignes devraient le faire.

 

Pour le moment, nous ne disposons pas de chiffres sur les ventes de montures reconditionnées, mais nul doute que l’affaire risque d’être entendue et soumise à un net développement.

 

 

Un avenir quasi-certain pour le reconditionné ?

 

Avec le risque de voir certains remboursements diminuer, couplé à des verres dont les prix augmentent au gré des avancées technologiques, l’achat de montures d’occasion risque fort de monter en flèche. Le gros avantage du reconditionné, c’est bien sûr le prise en charge et la remise en état par des techniciens professionnels, mais aussi l’assurance d’une garantie et d’une traçabilité.

 

Si la loi et les normes devront logiquement encadrer ce nouveau marché, on peut considérer qu’il va falloir y jeter un œil avisé. Ce serait, en prime, un moyen pour les opticiens de s’ouvrir de nouvelles perspectives de vente, ce qui permet de toucher d’autres cibles, certaines personnes ne jurant désormais que par l’occasion. Un moyen également de développer une nouvelle manière de travailler pour un métier qui, parfois, souffre de stagnation.

 

Quoi qu’il en soit, le reconditionné a un bel avenir devant lui !

 

Sources : Acuité.fr, Challenges, Écouter Voir, les Lunettes de Zac

opticien-engagé

 

De nos jours, on entend constamment parler d’engagement de la part des professionnels. Il est vrai que, dans un marché de plus en plus concurrentiel, un bon moyen de se démarquer, c’est surtout d’offrir autre chose qu’un produit ou un service. Mais alors, être un opticien engagé signifierait tout simplement d’avoir de nouvelles idées marketing ? Ou alors, c’est un moyen de proposer son service autrement, de se baser sur des valeurs justes pour la communauté pour permettre de repousser les menaces quotidiennes auxquelles la société doit faire face ? On en parle dans ce nouveau dossier.

 

L’engagement, attention à la supercherie !

 

Il est important, pour n’importe quelle entreprise, de respecter son consommateur. Cela peut paraître idiot, et pourtant, derrière ce terme « d’engagement se cache parfois une supercherie sans nom. D’autres termes, destinés à la dénoncer, ont émergé. Parmi eux, le greenwashing est certainement la pratique la plus connue et la plus dénoncée. Elle consiste à faire preuve de la bonne volonté d’une entreprise dans le domaine environnemental, tout en taisant la réalité des choses.

 

 

En français, le terme écoblanchiment est défini ainsi :

  1. le comportement d’entreprises nocives du point de vue social ou environnemental qui tentent de préserver et étendre leurs marchés en se présentant comme des amis de l’environnement et des chefs de file dans le combat pour éradiquer la pauvreté ;
  2. le blanchiment environnemental, ou écoblanchiment ;
  3. toute tentative d’endoctrinement de clients ou de décideurs qui leur ferait voir les méga-corporations pollueuses comme essentielles à un développement durable en environnementalement sensé ;
  4. le boniment.

Mais comment cela se passe-t-il dans la pratique ? L’Ademe a établi quelques points pour aider à l’identifier :

  • le mensonge pur et simple ;
  • la promesse disproportionnée ;
  • l’usage de termes vagues ;
  • le manque de transparence, d’informations ;
  • des visuels trop suggestifs par rapport au produit réel ;
  • le faux écolabel (autoproclamé et ne correspondant à aucun référentiel) ;
  • une mise en avant de pratiques durables sans rapport avec le produit ;
  • des allégations sans preuves ;
  • une fausse exclusivité, alors que l’entreprise ne fait que respecter la loi.

 

Le greenwashing fait partie des menaces qui pèsent sur l' »engagement » d’un professionnel. Il convient d’être très prudents afin de s’en préserver. Parfois, il s’agit simplement d’un manque de connaissances et d’accompagnement qui peut être corrigé.

 

Derrière l’engagement, des valeurs

 

D’abord, il est important de choisir des valeurs qui nous correspondent. Un client potentiel choisira tel magasin plutôt qu’un autre car il correspondra davantage à ses valeurs. Le conseil, c’est : avant de pouvoir, il faut le vouloir. Lorsque l’on souhaite mettre en avant sa fibre environnemental, ou le bien-être de ses salariés, ou encore le soutien à des ONG en lien avec son secteur d’activité, il faut s’intéresser, se renseigner…

 

 

Il ne sert à rien de s’engager dans un combat simplement pour faire plaisir à ses pairs. Encore moins dans un but marketing. Choisir d’être opticien engagé ne vous oblige pas à vous engager de toutes parts. D’abord, parce que cela est vraisemblablement impossible. Ensuite parce que chacun sait quel est son cœur de métier. Par contre, il ne faut clairement pas, comme nous l’avons vu plus haut, s’orienter vers des offres contradictoires qui ne feraient que supprimer toute crédibilité.

 

L’opticien engagé se doit donc, pour récapituler, de trouver le ou les problématiques sur lesquelles il souhaite s’engager, y consacrer une réelle place dans son travail quotidien, et s’assurer du bien-fondé de sa démarche. S’il souhaite mettre en avant la fabrication de montures issues de matériaux durables, il devra s’assurer notamment de toute la chaîne d’approvisionnement, comme de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) avec lesquelles il travaille.

 

Chez les opticiens, beaucoup d’engagement !

 

Pour l’organisation Les Lunettes Écologiques, un opticien engagé, c’est quelqu’un qui mènera des actions concrètes avec plaisir, tout en ayant envie de communiquer dessus. Cinq points sont essentiels afin de mener un travail responsable et écologique pour un opticien :

  • les déchets
  • l‘achat des produits
  • les fournisseurs
  • la maîtrise de l’énergie
  • le respect du client

 

Concernant le respect de l’environnement, énormément d’opticiens ont fait ce choix. Le secteur de l’optique tout entier d’ailleurs a connu des pionniers en la matière (Sébastien Bétand, opticien, NeimO®, fabricant d’outillage optique, Sea2See, industriel…)

 

Mais il n’y a pas que l’environnement qui démontre l’engagement d’un opticien. Chez Essilor, être un opticien engagé, c’est faire partie d’un réseau. En effet, le label Opticien Engagé met à l’honneur trois points : la technologie utilisée, l’accompagnement des clients et la formation des équipes.

 

 

La charte « Opticien Engagé » définit deux types d’engagement. Vous pouvez ainsi faire partie des partenaires standards ou experts. La différence principale entre les deux (en dehors de la couleur des logos – argent ou or) réside dans la capacité de l’opticien à proposer des verres issus de la technologie eyecode.

 

Ceux qui s’engagent auprès des ONG, participent à des opérations pour venir en aide aux populations défavorisées aux quatre coins du monde, font également preuve d’un engagement incroyable.

 

L’engagement d’un opticien ne signifie donc pas d’être engagé dans tous les domaines mais bien de faire preuve d’une volonté d’aller vers le changement. Ce changement doit être effectué dans un but d’amélioration, non seulement de ses conditions de travail, mais aussi de la condition de ses concitoyens. De nos jours, la question environnementale prend un sens concret. Elle ne pourra pas occulter les autres missions qu’un opticien engagé peut se donner. Que ce soit dans l’accompagnement et le bien-être de ses salariés, la question des déserts médicaux, les aides humanitaires…

 

Chacun peut donc s’engager d’une manière différente. Le tout est de s’engager de manière concrète, voulue, et de tenir compte d’une multitude d’aspects afin de rendre sa démarche crédible.