femmes-dans-optique

 

L’histoire de l’optique est marquée par des avancées décisives qui ont changé notre perception du monde, de l’infiniment petit à l’immensément grand. Si les noms d’hommes comme Newton ou Galilée reviennent souvent, les contributions féminines sont rarement mises en avant. Pourtant, des femmes, par leur audace et leur génie, ont repoussé les limites des sciences optiques. Quels ont été leurs rôles dans la révolution scientifique, industrielle, et technologique ? Quel est l’importance de leur héritage aujourd’hui ? C’est le sujet de notre dossier.

 

La découverte des lois optiques : quand les femmes enrichissent la théorie

 

Les grandes théories optiques, qui ont révolutionné la science, doivent beaucoup aux femmes. Rosalind Franklin, célèbre pour sa contribution à la découverte de la structure de l’ADN, a également marqué les sciences optiques. Son expertise dans l’utilisation des rayons X pour observer les structures moléculaires a posé les bases d’une compréhension plus précise de la diffraction. Cette technique, qui repose sur les principes fondamentaux de l’optique, est aujourd’hui utilisée dans des domaines aussi variés que la biologie, la chimie et la physique. Franklin incarne une femme scientifique à la croisée des disciplines, montrant que l’optique va bien au-delà de l’étude de la lumière.

 

Rosalind Franklin à son bureau

 

Dans un registre plus théorique, Émilie du Châtelet a su combler le fossé entre des travaux complexes et leur accessibilité. Elle a notamment traduit en français et enrichi les Principia Mathematica de Newton, incluant des sections sur l’optique. Son approche pédagogique et critique a permis à des générations de scientifiques et d’ingénieurs de mieux comprendre et appliquer les lois de la réfraction et de la réflexion. Dans une époque où les femmes étaient souvent écartées des cercles scientifiques, ses contributions ont pavé la voie pour d’autres.

 

Ces figures illustrent comment les femmes ont su contribuer à la théorie optique malgré les barrières sociales. Rosalind Franklin et Émilie du Châtelet ne sont pas seulement des exemples historiques ; elles rappellent que l’optique, en tant que discipline, a toujours bénéficié de perspectives variées. Aujourd’hui, les études sur les femmes dans les sciences montrent encore des écarts, soulignant l’importance de valoriser ces pionnières pour inspirer les générations futures.

 

portrait en peinture d'Emilie du Chatelet

 

Innovations techniques : des femmes à l’avant-garde de l’industrie optique

 

L’histoire de l’industrie optique serait incomplète sans Katherine Burr Blodgett, première femme chercheuse chez General Electric et première doctorante en physique. Dans les années 1930, elle a mis au point le verre antireflet grâce à l’application de films moléculaires ultrafins, une technique révolutionnaire à l’époque. Ses travaux, bien qu’issus de la physique, ont trouvé des applications pratiques dans les lunettes, les objectifs d’appareil photo et même les écrans modernes. Blodgett montre comment une innovation scientifique peut transformer un marché tout entier, prouvant que l’optique ne se limite pas à la vision mais touche de nombreux aspects de notre quotidien.

 

Katharine Burr Blodgett dans son laboratoire

 

Maria Telkes, quant à elle, a exploré les applications optiques dans le domaine de l’énergie solaire. Ses recherches sur les systèmes de concentration solaire démontrent que l’optique peut aussi répondre à des défis environnementaux. En associant les technologies de lentilles et de miroirs à des projets d’énergie durable, elle a ouvert la voie à des solutions plus respectueuses de l’environnement.

 

Dans un contexte plus contemporain, l’essor des lunettes connectées illustre la persistance des innovations féminines dans l’optique. Des entreprises comme Luxexcel, qui intègrent des verres imprimés en 3D dans des montures high-tech, doivent leur développement à des équipes où la diversité est encouragée. Ces exemples montrent que les femmes, bien que minoritaires dans certains secteurs, continuent d’exceller dans l’application des sciences optiques à des problématiques concrètes.

 

Exploration scientifique : au croisement de l’optique et de l’astronomie

 

L’astronomie, discipline qui dépend de l’optique, a vu l’émergence de femmes extraordinaires. Caroline Herschel, sœur de William Herschel, a été une pionnière dans l’observation des étoiles et des comètes. En utilisant des télescopes innovants pour son époque, elle a découvert plusieurs objets célestes, dont la comète C/1786 P1, portant aujourd’hui son nom. Caroline Herschel fut également la première femme à être rémunérée pour ses travaux scientifiques, une reconnaissance rare à son époque.

 

Aujourd’hui, des scientifiques comme Sara Seager, astrophysicienne spécialisée dans la recherche d’exoplanètes, utilisent des instruments optiques avancés pour analyser la lumière des étoiles. Ses travaux, qui s’appuient sur la spectroscopie et les lentilles gravitationnelles, témoignent de l’évolution des outils optiques depuis l’époque de Herschel. Ces innovations permettent de sonder l’univers avec une précision autrefois inimaginable.

 

Ces explorations illustrent comment l’optique a toujours été au cœur des grandes découvertes astronomiques. Les contributions féminines, qu’elles soient historiques ou contemporaines, montrent que l’astronomie et l’optique restent des champs où l’innovation féminine brille.

 

portrait de l'astronome Caroline Hershel

 

Une révolution sociale et culturelle : l’optique au service de l’éducation et de l’égalité

 

Les sciences optiques ont aussi été des outils d’émancipation pour les femmes. Hypatie d’Alexandrie, philosophe et scientifique de l’Antiquité, a enseigné les principes optiques dans une époque où les femmes étaient rarement instruites. En rendant ces savoirs accessibles, elle a établi un précédent pour l’éducation scientifique.

 

Dans les temps modernes, des initiatives associatives montrent comment l’optique peut améliorer la vie de millions de personnes, notamment des femmes et des enfants dans des régions isolées. Ces projets, souvent soutenus par des scientifiques femmes, rappellent que l’optique n’est pas qu’une discipline scientifique, mais aussi un levier pour transformer les sociétés.

 

La démocratisation des technologies optiques, des lunettes bon marché aux diagnostics avancés, ouvre des perspectives nouvelles pour l’éducation et l’égalité des chances. Les figures féminines qui travaillent dans ces domaines incarnent un engagement pour une science au service de tous. Nous pouvons également citer d’autres figures féminines qui révolutionnent à leur tour le secteur, comme Carole Riehl, fondatrice d’Optic for Good et résolument engagée pour une optique-lunetterie responsable. Mais aussi Ansostyle, qui par son originalité et son influence, a su proposer une optique différente et inspirante.

 

L’histoire des sciences optiques révèle un héritage riche et diversifié, dans lequel les femmes ont joué un rôle central. De la découverte des lois physiques à l’innovation industrielle, en passant par les explorations astronomiques, elles ont contribué à façonner notre compréhension du monde. Alors que la reconnaissance de ces contributions reste inégale, leur impact est indéniable. En redécouvrant ces pionnières, nous honorons leur héritage et nous inspirons de leur audace pour construire un avenir scientifique plus inclusif.

Origine-france-garantie

 

Dans un contexte marqué par l’urgence climatique, et alors que la préservation des emplois nationaux reste une préoccupation primordiale, une polémique enfle entre le « Made in France » et le label « Origine France Garantie ». Selon une enquête de l’ADEME, près de trois quarts des Français expriment désormais une préférence pour des produits éco-responsables dans leurs choix de consommation. Dans ce contexte, il est impératif d’approfondir notre réflexion sur le label Origine France Garantie, qui pourrait jouer un rôle crucial dans cette quête de durabilité. D’après une étude relayée par un article de Presse Optic, les consommateurs français accorderaient plus de confiance à l’indication « Made in France » qu’au label, pourtant plus exigeant « Origine France Garantie ». Cette constatation soulève des questions sur la perception et la compréhension de ce label, ainsi que sur ses implications réelles pour les consommateurs. On vous donne quelques explications pour le decrypter.

 

Origine France Garantie : un déficit de notoriété

 

Le label Origine France Garantie a été créé en 2010 et vise à certifier l’origine française des produits dans un contexte où la traçabilité et la transparence sont devenues des enjeux majeurs pour les consommateurs. Contrairement au simple « Made in France », ce label implique un processus de certification plus rigoureux, garantissant non seulement que le produit a été fabriqué en France, mais aussi que la majorité de ses coûts de production a été acquittée dans le pays.

 

Cependant, malgré ses critères plus exigeants, le label Origine France Garantie peine à rivaliser avec la popularité du simple « Made in France ». Un déficit de notoriété qui soulève des questions sur la communication et la perception autour du label.

 

Une analyse plus approfondie des critères et des exigences du label révèle une série de points à considérer. Le cahier des charges de l’Origine France Garantie exige notamment que les produits soient fabriqués en France à partir de matériaux d’origine française dans une proportion significative. Cependant, certains secteurs, comme celui des lunettes et des verres, peuvent rencontrer des difficultés dans la satisfaction de ces critères, en raison de la dépendance à l’importation de certaines matières premières ou de composants spécifiques.

 

@Pexels

 

De plus, la perception du label peut être affectée par des facteurs tels que la communication et la compréhension de ses implications par les consommateurs. Le manque de clarté sur les différences entre « Made in France » et Origine France Garantie, ainsi que la complexité des processus de certification, peuvent contribuer à cette méfiance.

 

Dans cette optique, une meilleure éducation des consommateurs sur la signification et les avantages réels du label Origine France Garantie pourrait contribuer à renforcer sa crédibilité et sa légitimité sur le marché. Une transparence accrue quant aux critères de certification et une communication plus efficace sur les bénéfices environnementaux et socio-économiques de ce label pourraient également favoriser son adoption par les consommateurs soucieux de soutenir une production locale et durable.

 

Qu’est ce que cela implique pour la fabrication de lunettes ?

 

En ce qui concerne la fabrication de montures, le webzine Optic for Good a établi, sur la base du site originefrancegarantie.fr, une liste de critères obligatoires pour l’obtention du label Origine France Garantie. Les voici :

Pour une monture en métal, doivent obligatoirement être fait en France :

  • Fabrication des faces et des branches
  • Soudage des faces
  • Pliage des faces
  • Polissage
  • Traitement de surface
  • Laquage
  • Assemblage
  • Finition

Pour une monture injectée :

  • Moulage et injection des branches
  • Moulage et injection de la face
  • Polissage
  • Coloration
  • Décoration
  • Assemblage
  • Finition

Pour une monture en acétate :

  • Mise en forme des faces
  • Mise en forme des branches
  • Traitement de surface
  • Polissage
  • Assemblage
  • Finition

Pour un verre ophtalmique :

  • les étapes d’usinage pour obtenir la correction voulue
  • le traitement de la surface du verre
  • les finitions
  • le conditionnement

 

L’importance des matières premières

 

Il conviendra de noter que, malgré les listes ci-dessus, la matière première n’a pas besoin d’être d’origine française. Ces matières jouent un rôle essentiel dans l’économie mondiale et dans la production de biens de consommation. Alors que leur exploitation et leur utilisation ont un impact significatif sur l’environnement, mais aussi sur le volet social, ils nécessitent une attention particulière dans le contexte du label Origine France Garantie.

 

Ni le label « Made in France » ni le label Origine France Garantie ne prennent en compte les matières premières dans leurs critères de certification. Cette lacune, certes préoccupante car elle néglige un aspect fondamental de la durabilité des produits, s’explique à la fois par la difficulté de se procurer cette matière comme par les contraintes géopolitiques qui régissent l’approvisionnement. Pour autant, l’empreinte environnementale d’un produit est largement déterminée par les processus d’extraction, de transformation et de transport des matières premières nécessaires à sa fabrication.

 

extraction-minière

@Pexels

 

Les fabricants doivent souvent jouer un rôle d’équilibriste pour satisfaire la demande et proposer des produits à moindre coût environnemental.

 

L’exploitation des matières premières peut entraîner une série de conséquences environnementales néfastes. L’extraction minière, par exemple, peut causer la destruction des écosystèmes, la pollution des sols et des eaux, ainsi que la perte de biodiversité. De plus, la consommation d’énergie nécessaire à l’extraction et au traitement des matières premières contribue aux émissions de gaz à effet de serre, aggravant ainsi le changement climatique.

 

Que faire alors pour garantir un label Origine France Garantie vraiment durable ?

 

Le label Origine France Garantie, tout comme le concept plus général du « Made in France », constitue un élément important du paysage économique et commercial français. Cependant, il est impératif de reconnaître les limites de ces labels en ce qui concerne la prise en compte de l’impact environnemental des produits. L’exclusion des matières premières dans les critères de certification soulève des préoccupations quant à la durabilité réelle des produits arborant ces labels. Il est donc essentiel d’adopter une approche plus holistique de la consommation, en tenant compte non seulement de l’origine géographique des produits, mais également de leur empreinte environnementale tout au long de leur cycle de vie.

 

@Pexels

 

Les matériaux alternatifs peuvent également s’avérer une possibilité pour remplacer des matières premières coûteuses sur le plan environnemental.

 

Dans cette optique, les consommateurs jouent un rôle crucial en faisant des choix éclairés et responsables. Comme en favorisant les produits fabriqués de manière durable et en soutenant les initiatives visant à promouvoir une économie circulaire et respectueuse de l’environnement. En définitive, le débat entre l’achat français et l’achat écologique ne devrait pas être une opposition, mais plutôt une complémentarité dans la recherche d’une consommation véritablement durable et responsable.

 

Sources: Optic for Good, Origine France Garantie