Smart Glasses : un marché en pleine explosion ?
Dans le secteur des accessoires et objets connectés, les lunettes ont certainement connu le démarrage le plus laborieux qui soit. Rapidement annoncées, les Smart Glasses du géant Google sont au point mort depuis 2014 maintenant, victimes notamment d’un prix trop élevé pour décoller. Mais le marché des lunettes intelligentes a pourtant de beaux jours devant lui. D’autres mastodontes ont commencé à développer leurs modèles, dans ce qui pourrait être le boom high-tech de la deuxième décennie du XXIème siècle. Alors, le marché des Smart Glasses est-il en pleine explosion ?
Smart Glasses : l’après Google Glass
Un échec peut parfois refroidir les velléités les plus folles. Mais c’est mal connaître les rois de l’innovation, de la recherche et du développement. Cela fait bientôt dix ans qu’on nous promet que nos lunettes prendront le chemin du numérique. Après notre téléphone, notre montre, voilà que notre chère paire de lunettes, d’abord dispositif médical, puis phénomène de mode, va à son tour devenir LE moyen de rester en contact avec le monde entier.
Aussi inquiétante pour certains qu’un épisode de Black Mirror, cette nouvelle, autant que l’échec des célèbres « Google Glass », n’aura pas eu raison des ambitions débordantes des développeurs.
Les études estiment que d’ici 2025, la vente de lunettes connectées pourrait représenter 10 à 15 % du marché de l’optique. Les forces de ce marché ? L’homogénéité des fabricants, des petites start-up aux géants, mais surtout le panel incroyable d’applications et de possibilités, comme il n’en a jamais été pour un objet connecté: les Smart Glasses proposent une multitude de solutions, pour les professionnels comme pour les particuliers.
Les enjeux sont donc bien réels, les cibles nombreuses.
Les géants de la tech en première ligne, mais dans le plus grand secret
Ce premier dossier est aussi l’occasion de faire un point sur ceux qui vont faire le marché. Vous ne serez pas étonné que les plus attendus sont les grands groupes de la tech américaine : Facebook, Apple et Tesla en premier lieu.
Concernant le premier nommé, les équipes sont actuellement en train de plancher sur une monture légère et classique, que Mark Zuckerberg avait annoncée en 2017, en précisant qu’il faudrait « cinq à sept ans » afin qu’elles puissent être créées.
Cela nous ramène à 2022 – 2024.
Pourtant, les lunettes Facebook seraient pratiquement prêtes à la commercialisation. Le processus aurait donc été considérablement accéléré.
Concernant leurs fonctionnalités, le secret est encore bien gardé. Mais la technologie utilisée pourrait permettre aux utilisateurs de se connecter à leurs proches et de pouvoir utiliser des applications mobiles. Rien d’autre n’a filtré.
La démarche d’Apple est tout aussi secrète. On sait pourtant que la firme californienne va sans nul doute se diriger vers la fabrication de lunettes à réalité virtuelle, car elle vient de racheter l’entreprise Akonia Holographics, spécialisée dans les technologies optiques avancées. Leur spécificité ? Créer des verres de lunettes holographiques transparents et particulièrement fins, avec un champ de vision important et à bas prix pour des lunettes de réalité augmentée.
Là encore, les fonctionnalités de ces lunettes sont très floues, et nul doute qu’elles seront impossibles à décrypter avant une quelconque annonce.
Les professionnels en guise de cobayes
Face aux nouvelles difficultés que rencontrent ces objets connectés, certains ont pris le pari de ne pas faire l’erreur de Google, en proposant leurs technologies en amont aux professionnels. Cela permet de justifier certains coûts, et surtout un prix de vente élevé beaucoup plus facilement que pour les particuliers.
C’est ce qu’a prévu le géant Tesla. La firme automobile du sud-africain Elon Musk utilisait jusque-là les Google Glass pour ses employés. Pourtant, un brevet déposé fin 2018 indique qu’elle pourrait créer ses propres lunettes afin d’aider ses employés sur les chaînes de montage.
Tesla mentionne dans ce brevet un objet utilisant la réalité augmentée, dans le but de contrôler toutes les étapes de production de ses voitures. L’ouvrier serait en mesure d’interagir avec un objet capable de reconnaître tout ce qui mérite une attention particulière.
L’analyse par les lunettes permettraient de diriger l’employé sur les éventuelles irrégularités observées.
Tesla décrit ses lunettes comme capables « d’accélérer de manière significative la vitesse et l’efficacité de la chaîne de production, en particulier sur une chaîne de production d’automobiles ou de pièces d’automobiles. »
Bien entendu, si ces essais s’avèrent concluants, rien n’empêchera Tesla, ou d’autres, de proposer leurs innovations à d’autres entreprises, avant de se jeter corps et âme dans la cible des particuliers, décidément bien difficiles à convaincre.
Les grands oui, mais les autres ?
Pour pouvoir commercialiser des lunettes connectées, il faut que le grand public en reconnaisse l’utilité. Quoi de mieux, alors, que de s’en servir pour assurer la sécurité de ses concitoyens.
Comme on a tendance à l’entendre, pour la sécurité, on ne compte pas…
En France, la sécurité routière a toujours été une question nationale. Philippe Peyrard, ancien directeur général délégué de chez Atol, est parti de ce principe pour créer en 2016 la société Ellcie Healthy et ses montures intitulées Prudensee.
Cette start-up propose des lunettes pour lutter contre l’endormissement au volant.
Comment ? Grâce à des capteurs infrarouges, un accéléromètre et un gyroscope. Ainsi, la monture est capable de détecter instantanément les signes précurseurs d’un endormissement, comme le clignement trop rapide des yeux ou des bâillements rapprochés.
Grâce à cette détection, la paire de lunette va être en mesure d’alerter le conducteur grâce à un bip et un flash.
L’assistance peut faire sonner le téléphone du conducteur, mais aussi lui indiquer l’aire de repos la plus proche, réserver une chambre d’hôtel et même démarrer une conversation pour lui tenir compagnie et lui permettre d’arriver à bon port.
Le gyroscope utilisé peut également détecter une chute accidentelle, idée qui peut s’avérer brillante, notamment pour la cible sénior.
On y découvre aussi la fonctionnalité qui sert à tout porteur de lunettes : la possibilité de les faire biper lorsque nous ne pouvons plus mettre la main dessus.
Si les montures Ellcie Healthy focalisent pour le moment leur attention sur l’endormissement, c’est un pas en avant gigantesque qui est réalisé. En effet, grâce aux données recueillies, elles seront capables d’affiner leur apprentissage du propriétaire pour mieux le protéger.
On peut ensuite imaginer que cette technologie va être réutilisée pour de nombreux autres cas.
Made in France, les montures Prudensee d’Ellcie Healthy sont en vente chez les opticiens Optic 2000 au prix unique de 289 euros.
Plus proches des montres connectées, les Smart Glasses de la société américaine Level consistent en un tracker d’activité (compteur de pas, de calories, mesures d’activité…) plus classique mais toujours efficace.
Vous l’aurez compris, le marché des Smart Glasses est encore difficile à déchiffrer. On sait les grands groupes de la tech américaine sur ce projet depuis de nombreuses années, et on comprend que l’on s’approche de plus en plus de ce qu’ils en attendent.
Le secret bien gardé des fonctionnalités et les différentes stratégies employées (rachat, utilisation des professionnels comme étape d’influence…) nous condamnent à une attente proportionnelle à l’excitation.
Car il est difficile d’imaginer que l’on reste sur l’échec de Google. Il est même bien présomptueux de se dire que ces derniers n’ont pas pensé à un plan B.
Face à ces géants, d’autres ne perdent pas de temps et se proposent déjà d’être l’avenir des montures optiques.
Si balbutiements et retours en arrière peuvent refroidir, un marché aussi porteur et excitant a certainement de beaux jours devant lui.
Des jours qui s’effacent face à l’inconnu et nous rapprochent de plus en plus du dénouement…